Document. Réussir sa mort avec les soins palliatifs – Première partie

Mise en ligne de La rédaction, le 18 novembre 2017.

par François Primeau

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 55/NOVEMBRE 2017-JANVIER 2018]

L’auteur est professeur titulaire de clinique au Département de psychiatrie et neurosciences de l’Université Laval, gérontopsychiatre et membre du Comité d’éthique de la recherche au CISSS Chaudière-Appalaches, site Hôtel-Dieu de Lévis, où il est également représentant du Comité d’indépendance intellectuelle. De plus, il siège à la Table nationale en santé mentale du MSSS Québec à titre de représentant du RUIS-Laval. Une version écourtée de ce texte a été présentée lors d’un atelier au 27e congrès annuel de L’Association québécoise des soins palliatifs, à Lévis, le 11 mai 2017.

– Qu’est-ce qui vous surprend le plus dans l’humanité ?
– Les hommes […] vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir […] et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu.

Dalaï-Lama

Au cours de cette réflexion sur le nouveau droit aux soins palliatifs en fin de vie introduit par la Loi concernant les soins de fin de vie adoptée le 5 juin 2014 et sanctionnée le 10 juin 2014, je présenterai un panorama assez large du droit, de la médecine et de la société et j’espère contribuer à l’enrichissement de la réflexion personnelle du lecteur sur ces questions de fin de vie, incluant sa propre mortalité, un sujet souvent tabou même au sein des équipes médicales et multidisciplinaires. Je n’ai aucune relation avec intérêt commercial; cet article n’a reçu aucun support financier ni de support logistique de la part de l’industrie pharmaceutique. Cependant, au titre de la divulgation de possibles conflits d’intérêts comme cela se fait lors de tous les congrès bénéficiant de crédits d’éducation médicale continue, je me dois de mentionner que j’ai rédigé un Mémoire d’expert contre l’euthanasie en 2010, et que j’ai parlé à deux reprises à la Commission sur la question spéciale de mourir dans la dignité en 2011 et 2013, en prenant position contre l’euthanasie; de même, j’ai rédigé un autre Mémoire contre l’euthanasie pour le Comité fédéral externe en 2015, avant l’adoption du projet de loi fédéral C-14. De plus, je suis diacre permanent incardiné au Diocèse de Québec; la foi chrétienne invite «à être prêt à tout moment à rendre raison de l’espérance qui est en nous» (1 Pierre 3,15). Or la foi chrétienne est une alliée sûre et fidèle pour la raison dans sa recherche de la vérité, et cet article se veut une œuvre de raison sur les questions de fin de vie.

Objectifs
Au terme de cet article, le lecteur pourra reconnaître les raisons pour lesquelles les soins palliatifs ont bénéficié de l’évolution du droit dans la société québécoise pour être reconnus légalement à titre de « nouveau droit » en fin de vie; intégrer quelques exemples historiques d’interventions législatives en faveur de l’organisation des soins de fin de vie; identifier les principaux enjeux éthiques et questions fondamentales en cause en fin de vie; distinguer les aspects essentiels de l’éthique des soins palliatifs et de la question du sens du «mourir»; se prononcer sur le chemin à parcourir pour la mise en œuvre efficace de ce droit au niveau de la pratique clinique dans le contexte des enjeux actuels au sein de la société québécoise; et, surtout, approfondir sa réflexion personnelle sur sa mort et sur les soins en fin de vie, incluant l’aide médicale à mourir (AMM) et les soins palliatifs.
(…)

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